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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/91

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guirlandes du modèle de ceux qu’aimait tant Joséphine dans sa retraite de la Malmaison. Sur les consoles, entre les trois fenêtres, deux bronzes néo-grecs, deux Cupidons enfants… : l’Amour captif et l’Amour qui danse, la seule tache un peu sombre dans ce boudoir exquis de petite maîtresse en l’an VIII ou IX, modèle traits pour traits sur celui d’une Impératrice, et conservé jusqu’à nos jours dans une intégrité si parfaite, que la harpe à têtes de lions était encore là, entre le guéridon et l’étroit clavecin, lui d’un siècle plus vieux, au vernis écaille, tout maquillé de roses et de frêles guirlandes, comme enfoui sous les fleurs…

Avec ! e jardin et les hautes charmilles, vues par les trois fenêtres, ce jeune et frais boudoir de quatre-vingt-trois ans avait une heure, un jour : il vivait de ! a veille et cela était vrai, car il n’avait ni glace ni pendule, pas un miroir, pas un cartel au mur, rien qui pût rappeler ou l’heure qui s’envole ou la beauté qui fuit.

J’étais sous le charme, profondément ému de cette émotion délicieuse et pensive que donnent dans la vie les rares choses exquises… Cette