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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/93

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rares fois où une jolie fille bien pauvre a bien voulu pour une nuit de mon pauvre corps, mes amis et le bel Hector votre père me l’ont toujours prise le lendemain, et j’ai toujours approuvé mes amis et votre père… car, franchement, étais-je bâti pour l’amour ?

Mme Lafond (car elle s’appelait Mme Lafond) a été peut-être la seule femme qui n’ait pas raillé ma laideur. Je n’étais alors qu’un bien maigre sire, un petit étudiant en médecine, venant passer ici ses vacances en famille, qu’elle était la belle Mme Lafond de la Recette Générale, la beauté citée de la province, l’élégante d’Avranches et du département… Elle avait vingt-huit ans, que j’en avais dix-neuf à peine, et pas plus de poil au menton qu’aujourd’hui. Je la voyais aux bals de la Recette, où j’étais invité en ma qualité de fils de mon père, qui était le médecin de la maison, et lointain, perdu dans la foule de ses plus obscurs adorateurs, j’étais

Le ver de terre amoureux d’une étoile.


qu’a dit plus tard cette canaille de grand poète de Victor Hugo, qui, j’en suis sûr, est aussi votre