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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/98

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gorge, le palais, la bouche, la grâce même du visage qui étaient attaqués dans cette adorable créature, attaqués, déshonorés, marqués. Je sauvai Mme Lafond, elle ne connut jamais la nature et l’origine du mal qui l’avait frappée ; mais elle resta défigurée.

Le nez, les lèvres avaient disparu comme brûlés au fer rouge, rongés dans ce visage de Psyché… Le regard seul demeura beau dans ses yeux sans sourcils et sans cils, et, chose affreuse, cette blonde à la chevelure d’or en fusion s’éveilla chauve… C’est au milieu de ce désastre qu’un vieil ami de sa famille et qui, comme moi, avait appris à l’adorer et à la connaître, put lui éviter le second coup dont allait la frapper la fortune. Mme Lafond allait se lever de son lit de souffrances, non seulement défigurée, mais ruinée.

Perdu de dettes, ne pouvant suffire à ses mille folies, Lafond avait contracté des emprunts. Cet homme avait hypothéqué l’hôtel de la Recette, la propriété de sa femme, et Mme Lafond allait être chassée de cette demeure, où elle avait été riche et belle, où elle s’éveillait dépouillée, sans asile et