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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/99

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hideuse par le fait de son mari. L’ami dont je vous ai parlé put lui éviter cette honte.

À l’insu de Mme Lafond, qui devait ignorer tout, il acheta toutes les créances. Mme Lafond était à l’abri du besoin. Cet hôtel, autrefois embelli par ses soins, le théâtre autrefois de ses triomphes, elle y vécut désormais isolée, ne recevant personne, cachée à tous les yeux, dérobant aux regards ce visage, qui avait été l’admiration et la folie de toute une génération d’hommes, et qui n’était plus maintenant qu’un objet douloureux d’horreur et de pitié. Je fus avec l’ami en question le seul être humain qui franchit désormais le seuil de cette demeure. N’étais-je pas l’ami de son mari, et n’étais-je pas un peu son médecin à elle ?

Par un singulier caprice, fidélité à l’homme qui l’avait trompée, attachement secret au temps qui l’avait vue jolie, cette fervente de sa beauté conserva toujours les modes et le costume de l’époque où elle avait été la belle Mme Lafond, les modes de 1812.

Et c’était navrant, je vous jure, de voir cette