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Page:Lorrain - Les fleurs poétiques, simples bluettes, 1890.djvu/188

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Les Fleurs poétiques.

Et couvertes de sang, au fond de ton vaisseau.
Pourquoi tes compagnons ne les ont-ils placées
Dans ta sombre demeure, ô bien-aimé Ryno ?…
L’aurore, de sa voix, ne viendra plus te dire :
— « Lève-toi, les chasseurs sont déjà dans les bois,
« Poussant des cris joyeux qu’emporte le zéphire,
« Et poursuivant le cerf qui s’enfuit aux abois !… »
Efface tes lueurs, tendre et vermeille aurore :
Ryno ne te voit plus ; il est avec les morts.
Ô mon héros chéri ! Minvane te déplore…
Je descendrai sans bruit dans le lit où tu dors !…
Mes compagnes iront à travers les montagnes
Et suivront en chantant la trace de mes pas ;
Mais je n’entendrai plus vos chants, ô mes compagnes !
Je vais avec les morts ; vous ne me verrez pas ! »