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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/127

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de rougeâtre ; des nuages, que le vent tourmente, ont l’air de se promener comme chez eux dans ses rues colossales, et des tapis très blancs — des neiges — y ont jeté çà et là comme des suaires…

C’est cette tourmente géologique, figée à de presque inaccessibles hauteurs, que l’on appelle les Dolomites, — et c’est là que les Italiens ont été obligés de porter la guerre ; il a fallu grimper là dedans, attaquer là dedans, s’y battre et s’y débattre ; on a peine à y croire.

Quelques nuages dévalent de la cité cyclopéenne, nous jettent de courtes ondées froides avec un peu de neige, et le soleil a disparu derrière les montagnes de l’Ouest, quand nous arrivons à la petite ville très moderne de Cortina, qui est surplombée de partout par le monde menaçant des pierres, et qui est imprévue, au milieu d’un tel décor, avec ses hôtels genre Palace, — un peu démolis, un peu traversés par les obus, mais portant encore leurs dorures et leurs grands écriteaux raccrocheurs.

La nuit va tomber, avec des averses glacées. Nous dormirons là, dans un hôtel