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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/115

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mes belles-sœurs et quatre jeunes guéchas de ma connaissance, en leur recommandant d’apporter des guitares.

Il avait fallu ensuite prévenir la police nipponne, pour les raisons suivantes. Depuis des années, le Japon détenait le monopole d’exporter dans toutes les villes maritimes de l’Extrême-Orient des jeunes personnes de caractère gai, spécialement destinées à faire oublier aux navigateurs les austérités de la mer ; mais le gouvernement du Mikado veut supprimer aujourd’hui cet usage, qu’il regarde comme attentatoire au bon renom national, et devient très circonspect lorsqu’il s’agit de laisser des dames seules se rendre à bord des navires.

La perspective d’être présentés à madame Prune avait jeté parmi mes camarades un doux émoi. Ils avaient fait des frais, commandé pour la table des fleurs et de très ingénieuses sucreries. Et, à l’instant fixé, leurs jumelles se promenaient discrètement sur tous les sampans de la rade, pour épier la venue de nos invitées.