Aller au contenu

Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jadis, durant des nuits d’été et de languides journées. Cette voisine d’en face me troublait donc de plus en plus… Alors, pour en avoir le cœur net, je me risquai à lui chatouiller légèrement l’épine dorsale du bout d’un éventail, une de ces familiarités anodines qui, au Japon et avec une femme bien élevée, ne sauraient jamais être mal prises…

Je ne m’étais pas trompé : c’était bien madame Prune !

Sa compagne était madame Renoncule, ma belle-mère. Et, me rendant à leurs aimables instances, je m’avançai d’un rang, pour m’asseoir entre elles deux.

La comédie continua, au milieu d’une hilarité croissante, mais toujours de bon ton. Le principal comique avait des jeux de physionomie qui étaient vraiment du grand art, chaque fois qu’il flairait dans son ménage un malheur nouveau. Je regardais souvent, derrière moi, toute cette foule accroupie, en vêtements sombres. Sous l’ébène des chevelures aux coques luisantes, tous ces visages de mousmés, bien ronds et bien pâlots, qui en temps normal