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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/212

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sauter ce mur ? » Elle avait des yeux à peine bridés, presque des yeux comme une petite fille brune de Provence ou d’Espagne, avec un teint d’ambre roux ; elle respirait la santé, la jeunesse fraîche, et son regard était si honnête que je quittai tout de suite pour elle ce ton de badinage, toujours indiqué dans les salons de madame Prune ou de madame Renoncule ma belle-mère.

J’appris, ce premier soir, qu’elle se nommait Inamoto, qu’elle était fille du bonze, ou du simple gardien peut-être, de certaine grande pagode, dont j’apercevais, cinquante mètres plus bas, à travers des branches, la toiture tourmentée et les cours au dallage funèbre.

— Petite mademoiselle Inamato, demandai-je avant l’escalade de sortie, cela me ferait plaisir de te revoir quelquefois. Après-demain s’il ne tombe ni pluie ni neige, je reviendrai ici, à cette même heure. Et toi, est-ce que tu viendras ?

— Je viendrai, dit-elle, je viens tous les jours sans pluie.