Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/255

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elle-même ses fines chaussettes à orteil séparé, faisant acte de ménagère économe. Pauvre petite saltimbanque, somme toute, malgré ses falbalas de métier, pauvre petite, obligée peut-être de compter beaucoup pour faire marcher le ménage à trois : elle, la vieille dame et le chat…

Vite elle veut s’habiller, un peu confuse, mettre une belle robe pour m’offrir le thé :

— Non, je t’en prie, garde ton costume d’enfant du peuple, ma petite Pluie-d’Avril ; je te trouve plus réelle ainsi, et plus touchante ; reste comme ça !


En montant chez madame Prune, une sorte de pressentiment m’était venu du trop galant spectacle qui pouvait m’y attendre. C’était l’heure de la baignade, que les Nippons, les soirs d’été, pratiquent sans mystère. Dans ce haut faubourg, où les mœurs sont demeurées plus simples qu’en ville, cela se passait encore au temps de Chrysanthème ; des personnes sans malice, tant d’un sexe que de l’autre, se rafraîchissaient dans des cuves de bois, ou des jarres