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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/261

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taines formes très anciennes des vases de Chine furent inventées uniquement pour les lotus.

Fleurs de juin et de juillet, fleurs de plein été, ces grands calices roses épanouis sur tous les lacs japonais. Madame Chrysanthème jadis en mettait chaque matin dans notre chambre, et leur senteur, plus encore que la guitare triste de ma belle-mère, me rappelle le temps de mon ménage de poupée, — au premier étage, au-dessus de chez M. Sucre et madame Prune.

Mais avions-nous autrefois, dans cette baie, une si énervante chaleur ? Je n’en ai pas souvenance, non plus que de ces accablants ciels d’orage. On étouffe entre ces montagnes. Nos pauvres matelots fatigués ne reprennent point leur mine, loin de là ; Nagasaki, en cette saison, est un mauvais séjour pour des anémiés de Chine qui doivent continuer de vivre, ici comme là-bas, dans une caisse en fer. Entre autres, on vient d’emporter à l’hôpital le fiancé breton qui m’avait confié la petite caisse de présents et la robe blanche. Quant à notre amiral, que le Japon avait miraculeusement