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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/321

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sible ? Pluie-d’Avril !… Pluie-d’Avril en samouraï à deux sabres ! Non, jamais je ne l’avais vue si étonnante et si drôle ; une cuirasse, toute une armure, un casque et des cornes ; sur le minois, des traits au pinceau pour donner l’air terrible qu’ont les guerriers des vieilles images, et, par je ne sais quel procédé spécial, des sourcils remontés jusqu’au milieu du front. Auprès d’elle, son amie Matsuko, en samouraï également, la figure aussi peinturlurée dans le genre féroce, et les sourcils changés de place. Et puis trois ou quatre nobles douairières, dans les douze ou treize ans, fort blasonnées, avec des robes à traîne.

Cette fois, je fais cortège, bien entendu.

À certain carrefour, le mieux fréquenté de la ville, une estrade était dressée, sur laquelle tous ces petits guignols exquis prennent place avec dignité.

Alors commence une scène historique de haute allure. Pluie-d’Avril, qui a le premier rôle et brandit son sabre en beaux gestes de tragédie, déclame tout le temps sur sa plus grosse voix de moumoutte en colère. Une voix