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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/189

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et voluptueuse redescendait sur l’île sauvage ; comme au temps où les premiers navigateurs l’avaient nommée la nouvelle Cythère, tout était redevenu séduction, trouble sensuel et désirs effrénés.

Et j’avais suivi l’amiral à cheveux blancs abandonnant Rarahu dans la foule affolée.

XXXI

À bord, quand je fus seul, je montai tristement sur le pont du Rendeer. La frégate, le matin si animée, était vide et silencieuse ; les mâts et les vergues découpaient leurs grandes lignes sur le ciel de la nuit ; les étoiles étaient voilées, l’air calme et lourd, la mer inerte.

Les mornes de Moorea dessinaient en noir sur l’eau leurs silhouettes renversées ; on voyait de loin les feux qui à terre éclairaient la upa-upa ; des chants rauques et lubriques arrivaient en murmure confus, accompagnés à contre temps par des coups de tamtam.