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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/219

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Au petit jour, ma petite épouse sauvage et moi, en nous donnant la main, nous descendîmes tristement à la plage, pour la dernière fois.


Là, il y avait déjà assistance nombreuse et silencieuse ; toutes les filles de la reine, toutes les jeunes femmes de Papeete, auxquelles le Rendeer enlevait des amis ou des amants, étaient assises à terre ; quelques-unes pleuraient ; les autres, immobiles, nous regardaient venir.

Rarahu s’assit au milieu d’elles sans verser une larme, — et le dernier canot du Rendeer m’emporta à bord……


Vers huit heures, le Rendeer leva l’ancre au son du fifre.

Alors je vis Taïmaha, qui, elle aussi, descendait à la plage pour me voir partir, comme, douze ans auparavant, elle était venue, à dix-sept ans, voir partir Rouéri qui ne revint plus.

Elle aperçut Rarahu et s’assit près d’elle.

C’était une belle matinée d’Océanie, tiède et tranquille ; il n’y avait pas un souffle dans l’atmosphère ; cependant des nuages lourds s’amoncelaient tout en haut dans les montagnes ; ils