Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formaient un grand dôme d’obscurité, au-dessous duquel le soleil du matin éclairait en plein la plage d’Océanie, les cocotiers verts et les jeunes femmes en robes blanches.

L’heure du départ apportait son charme de tristesse à ce grand tableau qui allait disparaître.

XLVI

Quand le groupe des Tahitiennes ne fut plus qu’une masse confuse, la case abandonnée de mon frère Rouéri fut encore longtemps visible au bord de la mer, et mes yeux restèrent fixés sur ce point perdu dans les arbres.

Les nuages qui couvraient les montagnes descendaient rapidement sur Tahiti ; ils s’abaissèrent comme un rideau immense, sous lequel l’île entière fut bientôt enveloppée. — La pointe aiguë du morne de Fataoua parut encore dans une déchirure du ciel, et puis tout se perdit dans les épaisses masses sombres ; un grand vent alisé se leva sur la mer, qui devint verte et houleuse, et la pluie d’orage commença à tomber.

Alors je descendis tout au fond du Rendeer,