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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/222

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XLVII

Un peu après le coucher du soleil, je devais prendre le quart, et je montai sur la passerelle. Le grand air vif, la brise qui me fouettait le visage, me ramenèrent aux notions précises de la vie réelle, au sentiment complet du départ.

Celui que je remplaçais pour le service de nuit, c’était John B…, mon cher frère John, dont l’affection douce et profonde était depuis longtemps mon grand recours dans les douleurs de la vie.

« Deux terres en vue, Harry, me dit John, en me rendant le quart ; elles sont là-bas derrière nous ; je n’ai pas besoin de te les nommer, tu les connais. »

Deux silhouettes lointaines, deux nuages à peine visibles à l’horizon : l’île de Tahiti, et l’île de Moorea……


John resta près de moi jusqu’à une heure avancée de la nuit ; je lui contai ma soirée de la veille, il savait seulement que j’avais fait la nuit