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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/269

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der à cette importante opération, et, une voiture partie de chez la reine nous ayant déposés à l’entrée des sentiers de Fataoua, nous nous enfonçâmes sous bois.

La petite Pomaré qu’on nous avait confiée marchait tout doucement entre Rarahu et moi qui, tous deux, lui donnions la main ; deux suivantes venaient par derrière, portant sur un bâton la cage et ses précieux habitants.

Ce fut dans un recoin délicieux du bois de Fataoua, loin de toute habitation humaine, que l’enfant désira s’arrêter.

C’était le soir ; le soleil déjà très bas ne pénétrait plus guère sous l’épais couvert de la forêt ; au-dessus de toute cette végétation, il y avait encore les grands mornes qui jetaient sur nous leurs ombres. — Une lumière bleuâtre, qui descendait d’en haut comme dans les caves, tombait à terre sur un tapis de fougères fines et exquises ; sous les grands arbres s’étalaient des citronniers tout blancs de fleurs. — On entendait de loin dans l’air humide le bruit de la grande cascade ; — autrement, c’était toujours ce silence des bois de la Polynésie, — sombre pays enchanté, auquel il semble qu’il manque la vie.