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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/288

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être vues. — Et, avec le laisser-aller tahitien, on trouvait tout naturel que je vinsse souvent m’accouder à la fenêtre, pour causer avec ma petite amie.

En dansant, je rencontrais constamment son regard grave ; elle était éclairée comme une vision, par la lueur rouge des lampes, mêlée aux rayons bleus de la lune ; sa robe blanche et son collier de perles brillaient sur le fond sombre du dehors.


Vers minuit, la reine m’appela d’un signe. — On emportait sa petite-fille malade qui avait exigé qu’on l’habillât pour ce bal. — La petite Pomaré avait voulu me dire adieu avant de se laisser endormir.


Malgré tout, ce bal était triste ; les officiers du Rendeer, qui y étaient en majorité, y jetaient une impression de départ et de séparation contre laquelle on ne pouvait réagir. — Il y avait là de jeunes hommes, qui allaient dire adieu à leurs maîtresses, à leur vie de nonchalance et de plaisirs ; — il y avait de vieux marins aussi, qui deux ou trois fois dans le courant de leur existence