Aller au contenu

Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XVIII

Mercredi 7 mars.

Un soleil toujours plus ardent et un vent de moins en moins froid, à mesure que nous nous éloignons des hauts plateaux du désert sinaïtique pour descendre vers le golfe d’Akabah.

Tout le matin, nous marchons comme hier, dans des ruines titanesques de remparts, de temples et de palais… Pendant des millénaires et des millénaires, les pluies, les effritements, les éboulements, ont dû travailler là avec d’infinies lenteurs, mettant à nu les filons les plus durs, détruisant les veines plus tendres, creusant, sculptant, émiettant, avec des intentions d’art et de symétrie, pour créer ce simulacre de ville effrayante et surhumaine, dans lequel nous avons déjà fait vingt lieues sans en prévoir la fin.