Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/127

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raître, dans l’étroit ruban de ciel libre, entre les grandes cimes ; il darde sur nous des rayons qui brûlent. — Sans doute, c’était un rêve, tout à l’heure, l’eau fraîche et les palmiers bleus…



Enfin, vers une heure, par une coupure plus large qui s’ouvre sur des espaces vides, — et qui semble être la dernière, la fin du Djebel-Tih, — une bande horizontale commence d’apparaître, lointaine encore, mais d’une teinte particulière, que nous avions presque oubliée dans cette gamme de roses, une bande d’un admirable bleu de lapis : c’est le golfe d’Akabah, et nous sommes arrivés de l’autre côté de la presqu’île sinaïtique !

La coupure s’élargit toujours ; les parois des mornes se séparent, se reculent derrière nous et s’abaissent ; nous finissons par arriver tout au bord de cette mer si bleue, dans le désert salin de ses plages.

Contrairement au golfe de Suez, que fréquentent tous les navires du monde, ce golfe d’Akabah ne voit jamais passer une fumée ni une voile. Chemin abandonné depuis un millier d’années, il est à présent une mer perdue, qui s’avance inutilement dans d’impénétrables déserts. Au-dessus de ses eaux, sur