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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/128

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l’autre rivage, rayonne une chose invraisemblable et merveilleuse, qui est la côte de la Grande Arabie ; une chose qui est extrêmement loin et qui semble proche, tant sont nettes les dentelures de ses sommets : on dirait d’un haut mur en corail rose, finement strié de bleu, qui serait debout dans le ciel pour fermer tout l’Orient de la Terre.



Cheminé une heure encore sur la sinistre plage étincelante, cheminé le long de l’infinie bande bleue, surmontée de l’infinie découpure rose qui est le resplendissement désolé de l’Arabie.

Et maintenant une oasis est là devant nous, au bord de l’eau tranquille, des bouquets de palmiers et une construction humaine toute blanche, — chose très surprenante à nos yeux.

C’est le petit poste avancé de N’Nouébia, une citadelle avec un hameau en terre séchée, que gardent, au milieu de ces solitudes, un gouverneur égyptien et une douzaine de soldats.



En approchant de l’oasis, nous nous étonnons beaucoup d’y voir nos tentes, déjà montées parmi