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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/174

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de bergers, pour les ramener au gîte, et je leur promets d’aller, ce soir, causer avec eux une dernière fois, sur la plage, deux heures après le Moghreb…



À huit heures, par nuit déjà close, un haut fanal de cérémonie débouche de la petite ruelle de terre et se dirige vers nos tentes : le caïmacam me fait prier d’aller lui parler, avec le cheik de Pétra, — et nous nous rendons chez lui, pleins d’espoir.

Le premier passe et le vieux cheik s’assied ; puis, nous prenons gravement place dans la salle aux murs de boue séchée, qu’une lanterne, placée dans une niche, éclaire à peine. Le caïmacam, enveloppé malgré la chaleur d’un caftan de fourrure, l’air réellement très fatigué par le jeûne, nous tend la main pour la bienvenue ; un nègre apporte des cigarettes sur un plateau, du café dans des tasses de Chine ; ensuite, après les compliments d’usage, le silence retombe.

La porte encore s’ouvre, montrant un coin de ciel sur lequel s’agitent des palmes noires et où brille une étoile, puis plusieurs personnages entrent silencieusement avec une lente majesté : vieillards à barbe grise, en caftans de fourrure, la tête enveloppée dans