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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/199

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moindre bloc, sous les pas de nos chameaux, est orné de ces fines silhouettes de plantes.



Cependant nous approchons des sommets. Derrière nous, l’Arabie déserte, vue comme en planant, déroule l’infini de ses désolations roses et, sur notre droite, s’enfuient le désert de Pétra, les sinistres montagnes du pays d’Édom.

Le ciel maintenant se couvre d’un voile et, vers midi enfin, c’est devant nous que l’étendue se déploie, une étendue nouvelle, plus profonde et plus morne que toutes celles d’alentour ; une région haute qui affleure les cimes où nous venons de monter et qui voisine avec les nuages mystérieux ; quelque chose comme une mer, d’un niveau plus élevé que tous les pays environnants et qui se serait figée par un temps calme, la laissant éternellement lisse et inondulée : le désert de Tih, le désert des Amalékites.

Sur les plateaux où nous arrivons, de légères sentes, tracées par le piétinement séculaire des caravanes, fuient dans les lointains, innombrables comme les fils tendus des tisserands. Elles se divisent en deux faisceaux, dont l’un va se perdre vers l’occident, l’autre vers le nord : le premier indi-