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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/229

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ches, des manteaux blancs et des manteaux noirs, à l’éclatant soleil de midi, sur les cailloux qui étincellent.

Puis, nos emplettes finies, nous nous quittons avec des vœux de bon voyage et nous continuons à cheminer en sens inverse, nous déformant peu à peu aux yeux les uns des autres ; bientôt leurs chameaux nous apparaissent dédoublés par le milieu et, eux-mêmes, tantôt allongés, tantôt raccourcis, nous semblent avoir chacun deux têtes, comme, sur les jeux de cartes, les images des rois et des reines.



Après les petites collines, les plaines ; après les plaines unies, les petites collines ondulées ; solitudes après solitudes, et, quand on songe à ajouter en esprit toutes celles des jours précédents, toutes celles des jours qui vont suivre, un vague effroi vous vient.



Nous nous arrêtons pour la nuit dans un lieu singulier, sorte de cirque profond, de cratère en contrebas des plaines parcourues depuis trois jours.