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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/259

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autorités, est, paraît-il, celui où campent tous les étrangers de distinction ; il n’y a rien à dire. Et nos dromadaires s’agenouillent là pour nous une dernière fois, traînant leurs franges noires sur l’herbe des tombes ; — c’est fini, nous ne remonterons plus ces bêtes lentes et fantasques.

Nous sommes aussitôt envahis par une légion de jeunes israélites, qui nous apportent des oranges, des citrons, des monnaies antiques et des cornalines gravées à des effigies d’anciens dieux ; — groupes de longues robes orientales, auxquelles, hélas ! se mêlent déjà deux ou trois affreux petits « complets » gris.

Et nos domestiques syriens viennent d’un air officiel nous haranguer pour l’heureuse arrivée, nous félicitant d’avoir échappé aux mains des Bédouins, aux dangers du désert ; la parole est à celui des trois qui, en route, avait eu le plus peur… Pour leur peine, nous leur faisons cadeau d’une caisse que des amis prudents nous avaient obligés à emporter du Caire et que nous n’avons même pas ouverte. (Elle contient des bandelettes pour les blessures, des remèdes pour les fièvres et pour le venin des scorpions ou des serpents.)

Puis, nous remisons nos inutiles fusils, qui n’ont servi qu’à tuer la pauvre chouette de l’Oued-