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Je continuai sur le même ton. En quelques mots, Ricette se laissa « monter » au point où il fallait qu’elle fût… Je la prévins… Elle frémit, ferma les yeux, pâlit comme si elle accomplissait une prouesse en face du danger… et, quand elle eut fini, elle resta stupéfaite, assise sur les talons, la bouche ouverte…

Hébétée, elle me regardait. Je lui tendis les bras. Elle s’y jeta, toute fière et surprise et honteuse et tendre et si émue surtout que je sentais battre son cœur à travers son petit sein gauche.

« Je l’ai fait, dit-elle. Ce n’est pas possible ! Moi qui n’avais jamais pu ! Et j’ai tout avalé, mais tout ! comme tu m’as dit. Je n’en reviens pas.

— Et ce n’est pas si mauvais, voyons ? Il y a tant de jeunes filles qui aiment ça !

— Je sais pas si c’est bon ou mauvais, dit-elle d’un air encore rêveur. Mais ça m’a fait plaisir. Parce que tu jouissais. »

Et, comme je l’embrassais pour ce mot, elle reprit tout inclinée :

« Et puis… et puis… crois-tu que ton foutre est comme le foutre des autres ?

— Mais oui.

— C’est pas vrai.

— Si.

— Non. »

Elle rêva encore et dit en croisant les mains :

« C’est maman qui va être épatée ! Elle ne voudra jamais le croire.

— Comment faire ?

— On recommencera ! s’écria Ricette. On recommencera devant elle ! »