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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/194

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tueux. Elle était si pitoyable… Mais Teresa m’interrompit :

« Laisse donc ! tu ne connais pas Charlotte. Quand elle aura fini de pleurer elle se branlera et quand elle aura fini de jouir elle aura envie de pleurer. C’est comme ça du matin au soir, je crois qu’elle jouit des larmes et qu’elle pleure du foutre. Mais tiens ! mais tiens ! qu’est-ce que je disais ? »

Et en effet Charlotte, essuyant ses larmes de la main gauche, avait déjà la droite entre ses cuisses. Au mot de sa mère, elle ouvrit les yeux, vit les nôtres fixés sur elle et dit en se relevant :

« Oh ! si vous me regardez tous… »

Mollement, elle glissa la main dans un tiroir, y prit deux godmichés qu’elle se planta l’un après l’autre par-devant et par-derrière, puis recouchée sur le divan, mais les cuisses très écartées, elle remit son doigt en mouvement, et dit avec un triste sourire aux lèvres :

« C’est plus curieux maintenant ? »

On la laissa tranquille. Teresa reprit Mauricette par les épaules, lui arrangea les cheveux et lui redressa la taille comme si elle l’offrait à un riche amateur, et elle répéta :

« Tu veux me dépuceler cette gosse qui a quatorze ans !

— Oui, c’est juré entre elle et moi. Nous avons une dispense de l’archevêque.

— Mais entre toi et moi qu’est-ce qui sera juré si je te la donne ?

— Je ne sais pas du tout. Dis-le.

— Tu ne vas pas faire un enfant à cette enfant-là ? Elle décharge comme une enragée.