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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/195

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Ça prendrait du premier coup, tu m’entends ? Gare à toi, j’aurai la figure dessous et si tu lui lances une goutte de foutre, je te châtre.

— Ne fais pas ça. Je jure d’être sage.

— Alors, où te finira-t-on ?

— L’embarras du choix…

— Ma bouche ? voilà une occasion.

— Ah ! cria Mauricette. J’en étais sûre ! C’est parce qu’il aura la queue toute rouge de mon sang ! c’est pour ça ! je lui avais bien dit que tu n’en perdrais pas une goutte ! que tu fourrerais ta langue dedans ! que tu aurais la bouche pleine de sang et de foutre !

— Hein ? crois-tu qu’il est temps de la dépuceler ? me dit simplement Teresa.

— Oh ! oui, qu’il est temps ! répéta la petite. Maman, laisse-moi lui dire un mot pour lui tout seul. »

Pour être plus sûre de me parler en secret, Mauricette m’entraîna dans une autre pièce et ferma la porte. Si nous nous embrassâmes, je le laisse à penser.

« Ma nuit de noces ? dit-elle gentiment.

— La mienne aussi.

— Tu m’aimes bien ! Je t’aime tant !

— Je t’aime de tout mon cœur.

— Tu vas me faire mal ?

— Mauricette !

— Dis-moi que tu me feras plus mal qu’hier ! plus mal qu’hier ! Enfonce tout ! déchire-moi ! fais-moi saigner comme un bœuf ! »

Elle allait continuer sur ce ton, peut-être, quand la porte s’ouvrit. Teresa reparut et,