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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/209

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ne pus atteindre, moi qui étais pourtant le mieux partagé.

Charlotte et Lili se pressaient pour voir, parlaient sans cesse et devenaient bien importunes.

Mauricette, pourpre et agitée, s’essuyait le visage que sa mère avait trempé, mais non pas de ses larmes. Elle était doublement émue, étant deux fois débutante par l’acte qu’elle allait tenter de réussir et par le spectacle qu’elle en donnait.

« J’ai le trac et j’ai envie de jouir, dit-elle, j’ai peur de rater.

— Au contraire, dit Teresa ; plus tu auras envie de jouir et mieux tu réussiras. Pour te regarder je ne peux pas te faire minette ; mais veux-tu que je te branle ?

— Oui, maman.

— Et, si tu veux m’en croire, laisse-toi foutre en chaleur, petite sauvagesse, avec un peu de moutarde par le trou du cul.

— Oh ! fit Ricette en levant les yeux au ciel. Je serai folle… Alors ne me branle pas… Touche-moi seulement… Ne me fais pas jouir avant lui surtout !… Tu me branleras quand je te ferai signe… »

Elle tourna sur elle-même et, pendant que sa mère quittait la pièce, elle se jeta tendrement dans les bras de sa sœur aînée avec un : « Oh ! Charlotte ! Charlotte ! » qui semblait lui demander toute son indulgence et son encouragement. Tout cela et le reste, Charlotte l’eût donné pour rien ; mais Ricette voulut le mériter. Après un baiser langue à langue, elle lui dit :