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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/226

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simple Charlotte elle-même savait mieux que moi trouver son texte et camper son personnage.

Elle vint à moi la tête levée, la hanche en mouvement et me prit par la manche :

« Tu viens t’amuser, mon joli ?

— Non.

— Viens. J’ai pas étrenné ce soir. Je me suis lavé le chat il y a un quart d’heure. Viens sous le pont, je relèverai ma jupe, tu me peloteras et nous baiserons. Viens.

— Moi, te baiser ?

— J’ai pas de mal, tu pourras voir. J’ai passé la visite aujourd’hui. Mais si on fait pas ça, on fera aut’chose. Je serai bien polissonne. Écoute.

— Fous-moi la paix !

— Écoute donc ! tu sais pas ce que je vais te dire. J’ai envie de pisser depuis deux heures. Veux-tu que je te pisse dans la main ? Tu t’essuieras après ma liquette.

— Tu me dégoûtes. Ne me touche pas la manche avec ces doigts-là.

— Laisse-moi te dire au moins… Je suis si cochonne ! Tu n’as qu’à me demander. Je ferai ce que tu voudras. Viens que je te suce la queue. Tu jouiras dans ma bouche. Tu jouiras tout.

— Pas besoin d’une putain pour ça ! les jeunes filles s’y prennent très bien.

— Penses-tu qu’elles font comme moi le poisson souffleur ? tu sais pas ce que c’est ? Écoute donc que je te dise !

— Non ! Fous le camp ! D’abord je n’ai que dix sous et il m’en faut quatre pour prendre le