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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/242

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— Si vous saviez ce que je m’en fous ! dit Lili.

— Vous n’avez pas appris vos leçons ?

— Si. J’en ai appris une. Montrez-moi vos poils d’abord et je vous la dirai après.

— Quelle enfant ! mon Dieu ! quelle enfant ! Est-ce que vous allez me demander cela tous les jours parce que j’ai eu la faiblesse de vous l’accorder une fois ?

— Ça m’étonnerait pas de moi.

— Je suis votre institutrice, vous ne faites rien de ce que je vous ordonne et cela ne vous suffit plus de me désobéir, il faut maintenant que je me plie à tous vos caprices ?

— J’allais le dire.

— Et après vous me réciterez la leçon que vous avez étudiée ?

— Oui.

— Et vous comprendrez que je suis trop bonne, trop indulgente pour une petite fille aussi déréglée, aussi intraitable que vous ?

— Oh ! vot’gueule, mamselle ! fit la petite sur un ton inouï. Ça va bien ! ne me faites pas chier. Fermez-là, ouvrez les pattes, montrez-moi vos curiosités et ravalez vos boniments par la gargoulette. Quand je vous demande à voir un con, c’est pas de vous tout entière que je parle. »

Charlotte se ferma la bouche en effet. Elle avait le rire facile comme les larmes. La main sur les lèvres, elle releva ses jupes et laissa Lili se livrer à toutes ses fantaisies d’improvisation :

« Je l’ai bien vu, maintenant ! Je sais comment il est, et si vous ne faites pas ce que je