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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/243

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veux je le dirai à tout le monde que vous me l’avez montré pour me pervertir.

— Qu’est-ce que vous voulez donc, méchante enfant ? dit Charlotte en reprenant sa triste voix.

— C’est moi qui vous ai chipé le paquet de lettres de votre copine où il n’y a que des cochonneries. Je sais tout. Eh ! ben ! vous en faites, des tours de putains toutes les deux !

— Je suis perdue…

— Oh ! foutue ! vous pouvez le dire, ça ne vous salira pas la langue autant que de me lécher le derrière, comme vous allez me lécher.

— Moi ?

— Oui, vous ! et si vous ne me le faites pas, je courrai dire à maman que vous avez voulu me le faire ! »

— De tous les mots de Lili, celui-ci est un de ceux qui m’ont le moins étonné. J’ai toujours cru que la femme de Putiphar devait avoir une douzaine d’années et non quarante ans comme certains peintres l’imaginent. J’en appelle d’abord à ceux qui ont vécu en Orient et ensuite à vous, qui me lisez, si la psychologie des petites filles ne vous est pas trop mal connue.

L’écolière obtint de son institutrice la complaisance qu’elle exigeait et qui n’avait rien d’invraisemblable : les maîtresses de pension le font à leurs élèves plus souvent que les parents ne le pensent.

Lili garda quelque silence pendant que Charlotte à genoux, toujours prête à s’humilier, prolongeait un peu le jeu de scène. Mais Lili ne