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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/244

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sortait point de son rôle et si elle prit un temps, ce ne fut que pour mieux détacher, de sa petite voix indifférente, un :

« J’aime beaucoup mieux ça, mademoiselle, que de vous réciter les sous-préfectures de la Haute-Loire. »

Et elle ajouta gentiment :

[« Voulez-vous aussi ma langue, vous ?][ws 1]

— Par-devant, » dit Charlotte qui s’assit et se renversa, levant sa jupe des deux mains.

Lili s’agenouilla, mais la fit attendre et devint taquine en considérant l’état de sa sœur.

« Oh ! ne mouillez pas tant, mademoiselle ! Vous m’en donnez trop pour mon âge. C’est pas la dose pour enfant ; ça doit être la dose pour adulte… Eh ! mais qu’est-ce qui lui prend ! la voilà qui se branle ! Assez ! assez pas d’inondations ! »

Elle écarta le doigt de Charlotte, colla sa bouche au même point… et la scène à peine commencée fut suspendue par un coup de théâtre.

Teresa en peignoir traversa la chambre à grands pas, prit le rôle de la mère, interpella Charlotte :

« Ah ! voilà les leçons que vous donnez à ma fille, mademoiselle ?

— Oh ! Madame !…

— Je vous confie une enfant de dix ans pour lui apprendre le français, l’histoire, la géographie, les langues vivantes, et voilà quelles langues vous lui enseignez ? Va dans ta chambre, Lili ! Et vous, mademoiselle, venez dans la mienne. »

Teresa, parlant à la cantonade, se tourna

  1. Note de wikisource : Phrase omise dans la présente édition, se trouve dans le recueil Pierre Louÿs, Œuvre érotique aux éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 2012, p. 311.