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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/245

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vers Mauricette assise sur mes genoux et dit :

« Je n’ai pas envie de jouer, j’ai envie de jouir. Aussi ça ne traînera pas. »

Puis, saisissant le bras de Charlotte, elle reprit d’un ton plus doux :

« Mademoiselle, j’ai trouvé cette nuit dans le tiroir de ma fille le paquet de lettres qu’elle vous a pris. Votre amie vous traite de gousse, de putain… C’est effrayant ! Elle parle sans cesse de votre langue… Elle vous demande combien de fois vous vous branlez pour elle.

— Ah ! Madame ! voulez-vous que je me tue ?

— Ne vous troublez pas.

— Je suis une misérable créature.

— Confessez-vous et je vous pardonne.

— Mais j’ai tous les vices.

— Moi aussi. »

Et Teresa nous jeta un regard pour accuser encore sa désinvolture à mener d’un bon train les scènes dramatiques. La conclusion fut celle que l’on devine, et ce qu’elle eut de plus curieux pour moi lui vint de Lili qui eut assez de tact pour ne pas troubler sa mère en prenant une revanche de son flagrant délit.

Elle attendit que tout fut terminé ; puis, toujours en travail d’imaginations et d’initiatives, elle alla parler tout bas à sa mère et à sa sœur, parut leur dicter la suite de leurs rôles et cria vers nous :

« Second acte ! Huit jours après ! »

Comme au début du premier acte, l’institutrice et l’écolière s’assirent devant le guéridon.

« Vous savez beaucoup mieux vos leçons