Aller au contenu

Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244

depuis huit jours, dit Charlotte. Mais qu’est-ce qui vous fait rire ? Soyez plus respectueuse !

— C’est un de vos poils du cul, mademoiselle, qui m’est resté entre deux dents et qui me chatouille le bout de la langue… Non, je crois que c’est plutôt un poil de maman… Mais je ris pour ça, je vous assure. Je ne ris pas parce que vous avez l’air tourte.

— Lili !… Allons ! récitez les deux pages que vous avez apprises hier. Qu’est-ce qu’une petite fille ? »

Mauricette au dernier mot tressauta sur mes genoux et me dit tout haut :

« Écoute ça ! C’est le catéchisme qu’on avait écrit pour Charlotte quand elle était petite et Lili le sait par cœur. »

Charlotte répéta… et Lili répondit en ânonnant exprès comme si elle ne comprenait rien, ce qui donna quelque drôlerie à ses antiennes.

« Qu’est-ce qu’une petite fille ?

— C’est une petite saloperie qui ne pense qu’à tâter les cons et les pines, se branle du matin au soir, pisse partout, lève sa robe et montre son cul pour voir celui des autres.

— À quoi peut servir une petite fille ?

— On se le demande.

— Quel miracle a fait la bonté de Dieu en faveur des petites filles ?

— Ce miracle est le don qu’elles ont reçu presque toutes de faire bander les messieurs comme si elles étaient des femmes.

— Expliquez-vous.

— C’est un mystère.