Aller au contenu

Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246

Et aussitôt Charlotte ajouta :

« Pour elle ce n’est rien. Mais moi ! Pense que j’ai appris tout ça en même temps que mon catéchisme ! Je m’embrouillais à la chapelle et j’ai manqué vingt fois d’en réciter des phrases à monsieur le Curé ! »

Sur un signe de Lili, elle revint au jeu : « Très bien. Vous ne savez rien de plus pour aujourd’hui ?

— Si, mademoiselle, je sais encore quelque chose, c’est que les pires saloperies qu’il y ait sur la terre, ça n’est pas les petites filles, c’est les institutrices.

— Ah ! cela devait m’arriver ! Je n’ai que ce que je mérite ! Je me disais aussi : qu’est-ce que cette enfant doit penser de moi ?

— Voulez-vous que je vous le dise ? »

Ricette, qui s’agitait beaucoup sur ma jambe, me chuchota dans l’oreille : « Si on lui dit, elle va se branler ». Mais Lili n’en doutait pas davantage et, comme le fameux capitaine qui suivait ses soldats parce qu’il était leur chef, elle ordonna ce qu’elle ne pouvait empêcher :

« Perdons pas de temps ! fit-elle. Donnez-moi ma leçon de masturbation et je vous répondrai avant qu’elle finisse.

— Où suis-je tombée ! dit Charlotte en levant sa jupe. Est-ce pour donner des leçons de masturbation à une petite fille que j’ai passé mes brevets ?

— Vos brevets de putain ? Mais oui ! Et vous ne les avez pas volés ! ni les félicitations !

— C’est ainsi que vous osez me parler ? Vous traitez de putain votre institutrice ?