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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/253

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et maladroite, pendant que Lili décontenancée la délivrait par-derrière. Et ce ne furent pas des pleurs, mais des cris qu’elle poussa, des cris, des cris, des cris…

Teresa me dit vite en passant près de moi :

« On l’a empêchée de jouir. C’est la faute de la gosse. Il ne faut jamais arrêter Charlotte quand elle se branle, ou voilà ce qui arrive. »

La crise était pourtant assez forte, cette fois, pour inquiéter ses sœurs presque autant que moi-même. Avec Teresa, elles relevèrent Charlotte, l’étendirent sur le divan, la prirent dans leurs bras. Mais les grands orages ne cessent pas aussi brusquement qu’ils éclatent. Quand Charlotte put vagir à travers ses sanglots, ce furent des phrases désespérées :

« Tu as raison, ma Lili… Je suis aussi bête que putain… Je ne suis qu’une salope et une tourte… Et tout le monde se fout de moi… Et on ne m’aimera jamais… »


ÉPILOGUE

Heureusement pour ma santé, mais par un coup fatal au sein de mes plaisirs, cette existence fut rompue quelques jours plus tard.

Un soir, la concierge me remit ce billet énigmatique et pourtant déchiffrable.

« On nous ennuie là-bas à cause du numéro trois. Je les emmène très loin cette fois-ci ; mais