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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/127

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leur tour ; les morts s’amoncellent ; les survivants lancent, du haut de cette montagne de cadavres, des traits sur les Romains, et leur renvoient leurs propres pilums. « Comment donc s’étonner, dit César, que de tels hommes eussent osé franchir une large rivière, gravir ses rives escarpées et surmonter les difficultés du terrain, puisque rien ne semblait au-dessus de leur courage ? » Ils se firent tuer jusqu’au dernier, et soixante mille cadavres couvrirent ce champ de bataille si disputé, où avait failli s’engloutir la fortune de César.

Après cette lutte, dans laquelle, suivant les Commentaires, la race et le nom des Nerviens furent presque anéantis, les vieillards, les femmes et les enfants, réfugiés au milieu des marais, ne trouvant plus de sûreté nulle part, se rendirent[1]. En rappelant le malheur de leur patrie, ils dirent que, de six cents sénateurs, il en restait trois, et que, de soixante mille combattants, cinq cents à peine avaient survécu. César, pour montrer sa clémence envers les malheureux qui l’imploraient, traita ces débris des Nerviens avec bienveillance ; il leur laissa leurs terres et leurs villes, et enjoignit aux peuples voisins non-seulement de ne pas les molester, mais encore de les préserver de tout outrage et de toute violence[2].


Siège de l’oppidum des Aduatuques.

VIII. Cette victoire fut remportée, croyons-nous, vers la fin de juillet. César détacha la 7e légion, aux ordres du jeune P. Crassus, avec mission de soumettre les peuples maritimes des côtes de l’Océan : les Vénètes, les Unelles, les Osismes, les Curiosolites, les Ésuviens, les Aulerques et les Rédons. De sa personne, il se porta, avec les sept autres légions, en suivant le cours de la Sambre, à la rencontre

  1. D’après Tite-Live (Epitome, CIV), mille hommes armés auraient réussi à se sauver.
  2. Guerre des Gaules, II, xxviii.