Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
LE MAL DES ARDENTS

quille de Marc le son de la passion. Il était néanmoins aussi outré que Bernard de ce procès rapide et qui lui parut si partialement conduit. Il chercha une diversion :

— Sais-tu, dit-il en se tournant vers l’armateur, que certains députés se sont étonnés qu’il ait suffi d’un élément tel qu’Olivier pour faire craquer le petit cadre social où l’on vit ?

— En es-tu surpris ? demanda Bernard.

— J’avoue, dit Noë qui hésitait entre le Jean-Jacques Rousseau de l’Émile et le baron Portalis du Code Civil, que cette désagrégation subite me laisse d’autant plus rêveur qu’elle a été absolument innocente et semble naturelle.

— Rien de plus naturel, crois-moi, mon cher Noë, répartit vivement Bernard.

Il réfléchit un moment, puis :

— Mais attendez-vous à la réciproque. Quelque jour, Olivier, s’il n’a déjà fui vers la solitude des Tropiques sur le beau bateau que je lui réserve, sera lui aussi happé et dévoré par cette société civilisée…

Marc sentit subitement combien ces mots confirmaient ses propres craintes.

— Oui, dit-il, qu’Olivier avec sa curiosité passionnée et ce don constant de soi, tombe sur des éléments malsains et que deviendra-t-il ?

Olivier qui rêvait et n’avait jusque-là pris aucune part à la conversation, sursauta :