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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/140

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LE MAL DES ARDENTS

Il s’en expliquait un soir de Février avec Marc dans le salon de Madame Rabevel qui recevait.

— C’est très vrai, disait Olivier, la femme m’attire uniquement par le trouble physique qu’elle suscite en moi. Chez Isabelle, je ne vois qu’intelligence, douceur, toutes qualités abstraites qui ne m’inspirent aucun désir mais une sorte de sentiment de sécurité et de plénitude. Or, j’ai besoin de désirer ! Comprends-tu ?… de désirer !… Tiens ! regarde cette nouvelle arrivée, cette Madame Villarais qui est devant nous. Voilà une femme réellement désirable ; ce visage rose, ces boucles folles, ces yeux profonds et le blond satin de son cou, qui ne s’y complairait ? Marc haussa les épaules en souriant :

— Voici que tu souhaites encore, dit-il, une conquête passagère.

— Peut-être, répondit Olivier, mais n’es-tu pas sensible toi-même à l’attrait complexe et savoureux de cette femme ? Nous ne connaissons d’elle jusqu’à maintenant ni la voix, ni la vie, à peine ce visage qu’elle cache à présent sous l’éventail. Voici qu’elle ne nous tend pas le piège de ses yeux. Que voyons-nous ? À peine sa nuque délicieuse…

— Vous n’avez jamais examiné la mienne, dit soudain à côté d’eux une voix.

C’était la voix d’Isabelle. Elle voulait avoir l’air de plaisanter, mais le regard d’Olivier la fit rougir. Elle se leva, s’en fut. Les deux jeunes gens se regardèrent. Rabevel qui prêtait l’oreille et avait tout entendu, espéra.