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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/141

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LA FIN DE RABEVEL

Ce soir-la, en regagnant sa chambre, Olivier parut pensif mais ses yeux décelaient sa joie. Il oubliait la mollesse de ses camarades, la sagesse inaltérable de Marc, tous ces caractères si différents de lui et dont s’irritait sa passion de vivre et son désir de se trouver des semblables : il lui semblait qu’il touchait au port. L’ombre grave et douce de sa mère, la silhouette terrible de Balbine, la grande image passionnée de Vassal qu’accompagnait toujours dans sa mémoire la clameur marine, s’effaçaient ; la vivante Isabelle proche et radieuse, porteuse d’une énigme, prometteuse d’aventure, arrêtait son cœur qu’oppressait le sentiment du miracle imminent. Tout y était propice. Et, plus tard, que surgissent les ombres muettes ! que les intrigues, les fureurs et les amours se pénètrent et s’exaspèrent ! Dieux justes ! comme par avance, il se sentait comblé !

Rabevel, lui, méditait sur cette curieuse aventure. Il ne pouvait croire que la jeune fille imaginât l’étendue de ce qu’elle avait donné à espérer. Après beaucoup d’hésitations, il résolut de lui parler. Dès qu’il eut fait naître une occasion favorable, il l’entretint d’Olivier.

— Savez-vous, dit-il, que ses études terminées au mois de Juillet, je crains bien qu’il ne veuille nous quitter ?

Elle le regarda avec méfiance.

— Écoutez, reprit-il, je vais jouer avec vous cartes sur table ; je voudrais garder auprès de moi Olivier, d’abord parce que je l’aime beaucoup, ensuite parce que sa mère