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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/143

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LA FIN DE RABEVEL

riez, heureux hommes ! monsieur Marc, voulez-vous tenir ce livre, je vous prie, pendant que je répare le désordre de ma chevelure ?

— Puis-je en voir le titre ?

— Non, devinez-le.

— Dites-moi au moins le nom de l’auteur.

— Shakespeare.

— Bien. Avez-vous déjà lu ce livre ?

— Oui.

— L’avez vous relu ?

— Lu et relu.

— Alors c’est Roméo et Juliette. Parfaitement. J’ai deviné. Œuvre sublime !

Et, le livre fermé, Marc déclama une tirade de Roméo.

— Comment, s’exclama Rabevel, vous connaissez par cœur ce passage entier ?

— Je l’ai si souvent lu ! il exprime tant de choses si proches de moi-même. N’est-ce pas le propre de ces grands écrivains que d’être avant tout des grands hommes ! Olivier, mieux que moi, doit sentir cela.

— Je sens en effet que les grands écrivains sont les plus universels.

— D’où il suit, conclut Isabelle, que chacun est assuré de trouver dans une belle œuvre au moins une partie qui l’émeuve plus profondément parce qu’elle est sœur de lui-même ?

— Je le pense, dit Olivier. Il y a dans Roméo et Juliette