Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
LE MAL DES ARDENTS

Elle ouvrit la porte et aussitôt poussa un cri, une plainte. Dans le faisceau que le lustre du couloir projetait par l’ouverture, tous les trois simultanément avaient aperçu sur un divan Rabevel buvant frénétiquement la bouche de Balbine à demi-pâmée entre ses bras.

Il faut renoncer à décrire le scandale. D’ailleurs, la situation à Paris de Rabevel et de Vassal était trop considérable pour que le récit d’une pareille aventure pût demeurer confiné à quelques salons. Certains journaux friands de telles histoires et bien renseignés par des témoins assez peu estimables (mais ne se glisse-t-il pas des mufles partout ?) donnèrent complaisamment des détails. On sut que Vassal, doué d’une force herculéenne, avait renversé son rival et tenté de l’étrangler ; qu’on avait eu toutes les difficultés du monde à l’en empêcher et que sa femme avait à grand peine échappé à sa fureur ; pendant une heure on put croire qu’il avait perdu la raison. Madame Rabevel avait été transportée évanouie dans sa chambre, étourdie de ce choc qui détruisait en une fois toutes ses illusions et ses espérances les plus chères.

Olivier avait assisté avec horreur à cette scène ; il sentait confusément malgré tout, pendant qu’on emmenait Vassal, que Balbine tout en réparant le désordre de sa toilette savourait intérieurement ce que la situation avait de scabreux. Comme il s’en révoltait sans pouvoir s’empêcher d’admirer une telle audace, Nicole parut.