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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/168

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LE MAL DES ARDENTS

Vainement, au moment de la quitter, Marc lui demanda-t-il la permission de la revoir ; elle secoua la tête. Dans la nuit claire, le jeune homme rentra lentement chez Noë méditant sur les catastrophes que savait déchaîner Balbine.

Quant à Rabevel, il était allé d’un trait chez Angèle.

— Je me perds, lui avait-il dit, tu le vois, je me perds. Il faut que tu me sauves de cette aventurière…

En vain la supplia-t-il. Il comprit qu’il n’était plus pour elle qu’un objet de dégoût.

— C’est bien, dit-il. Olivier s’en ira.

— « Ah ! Mon Dieu ! » Elle s’était écroulée. Il eut une lueur d’espoir mais elle releva une figure si farouche qu’il s’en retourna plein de colère et de rancune. Il rentra à son bureau, écrivit un mot pour Olivier et s’en fut coucher à l’hôtel. Mais son esprit était en proie à tous les déchirements contraires.

Quand, quelques jours après, Olivier se présenta à ses bureaux, pour régler avec lui les modalités de son engagement, on lui apprit qu’il avait quitté Paris pour un court voyage. Il ne put le rencontrer que la semaine suivante. L’armateur l’emmena dans un petit entresol qu’il venait de louer sur les quais ; ils y trouvèrent Balbine assise dans un fauteuil, fumant une cigarette. Rabevel lui reprocha obscurément des trahisons ; il la menaçait, l’injuriait ; l’autre restait silencieuse comme une panthère.

Olivier gêné, tenaillé par le cuisant souvenir du moment où il avait annoncé son proche départ à Isabelle en larmes,