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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/208

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LE MAL DES ARDENTS

quoi il voulait comme autrefois, quand il se promenait au bord de l’eau avec Isabelle, chercher sur le miroir liquide, la charmante image de sa compagne.

Comme il scrutait l’eau silencieuse, un rire, soudain, lui fit relever la tête. Il aperçut, sur la rive opposée, la silhouette de Balbine. En vain regardait-il maintenant dans le lac tranquille ; le souvenir n’y paraissait point.

— Dépêchons-nous, mon bel Olivier, dit Madame Rabevel en s’approchant de lui. Mes invités n’attendent que nous.

Elle lui jeta un regard luisant plus passionné qu’un baiser. Au moment où elle le joignait :

— Voilà la cloche du dîner qui sonne, ajouta-t-elle. Il faut se hâter de les rejoindre, nous n’aurons pas un moment de bonne solitude à nous deux, cher flirt.

Le ton démentait le badinage ; quelle ardeur y couvait !

Comme il s’inclinait devant elle, elle profita de l’obscurité prochaine, elle saisit sa tête à deux mains et la pressa avec frénésie sur son sein brûlant. Il avait légèrement détourné son visage vers l’étang. Tandis qu’elle s’emparait de son bras, il sentit à ce moment, opprimant son cœur, le poids des lourds nénuphars qui sommeillaient sur ces eaux mortes.

Rabevel les attendait dans la villa, Olivier le trouva plus exalté que jamais. Bernard se grisait d’images, s’enfiévrait de plus en plus. « Il faut, lui dit-il, dès qu’ils furent à table, que tu nous racontes Raïates, qu’on vibre un peu