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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/58

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LE MAL DES ARDENTS

— C’est à voir, on va préparer un petit papyrus.

— Permettez, dit Me Samin avec solennité, permettez Monsieur Rabevel, qu’un modeste magistrat de province vous félicite et vous serre la main ; voilà ce qui s’appelle réfléchir et agir. Ah ! Monsieur, si notre pays était mené par des hommes de votre trempe !

— Il est piqué, pensa Rabevel.

La voiture remonta la côte. Bernard arrêtait avec Béral les clauses de l’arrangement. Ils étaient d’accord en arrivant à la Commanderie, bien que le fournisseur déclarât que ce qu’on lui demandait en retour constituait un véritable chantage.

— Pas de mauvais sang, déclara Rabevel avec bonne humeur, soyez tranquille. Le chantage a une définition légale. Le petit papier que nous allons arranger ne contiendra rien qui puisse de près ou de loin rappeler cette définition.

— Dites donc, observa Béral quand il eut signé, la mort dans l’âme, vous m’avez appelé Rocambole tout à l’heure. Qu’est-ce que vous êtes donc vous, alors ?

— Mandrin, mon cher, Mandrin. Vois êtes Rocambole chez Mandrin. Vous comprenez ?

— Crapule, fit Béral entre ses dents.

— Non, répondit sans se fâcher Bernard qui avait entendu, pas crapule : malin. Ce n’est pas la même chose. La crapule c’est vous qui pouvez aller en prison demain. Le malin c’est moi. Et le malin joyeux, car « c’est double plaisir de tromper un trompeur ». Maintenant, allons pren-