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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/85

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LA FIN DE RABEVEL

approche allaient toutes les appréhensions et les colères de Bernard… Le jour se leva sur leurs cauchemars. Jamais ni l’un ni l’autre n’avait plus secrètement apporté soin plus attentif à sa toilette. Quand François arriva, il trouva belle mine à tous. Lui-même était alerte, sain, hâlé, respirant la joie et la force, visiblement étranger aux complications mentales et sentimentales. Olivier s’était emparé de lui aussitôt, l’interrogeait, l’embrassait, le couvrait de mille caresses, le pressait de mille questions. Le père, heureux, goûtait dans cette affection et cette curiosité le plus parfait encens qui le put flatter.

Après le déjeuner, Blinkine arriva et les trois camarades revécurent de nouveau les heures de l’enfance. Puis ils allèrent bavarder sur les remparts au soleil adouci de Septembre, emmenant Mauléon, Angèle et Olivier. L’enfant ne cessait de les étonner par son intelligence :

— Que vas-tu faire de ce petit ? demanda Bernard.

— Eh ! que veux-tu que j’en fasse ?… Un marin comme son père, son grand-père, son arrière grand-père, et cœtera… N’est-ce pas, Angèle ? Bon sang ne peut mentir.

— Oh ! oui, fit Olivier, tu veux bien, maman ?

— Mon pauvre petit ! s’écria la mère, le prenant dans ses bras.

— Eh ! dit François en riant, je suppose que tu n’aimes pas mieux ton fils que ton époux ? Va, il ne risquera pas davantage que moi ; il n’y a plus de naufrages aujourd’hui.