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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/95

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LA FIN DE RABEVEL

c’était la conséquence normale d’un état de guerre endémique ; ce n’était pas lui qui avait créé batailleuse la race des hommes. Il trompait sa femme ? D’abord elle l’ignorait. Et puis, pourquoi était-il fait ainsi ? Se refréner, se mortifier ?… Et pour quoi faire s’il vous plaît ?

Le train s’arrêtait en gare de Figeac. Il se pencha à la portière et crut reconnaître une vieille dame, accompagnée d’un homme et d’une petite fille.

— Eh ! mais c’est vous, Madame Boynet ? s’écria-t-il.

— Oui, Monsieur.

La vieille le regardait, hésitait. Il se nomma.

— Ah ! Monsieur, que de changements depuis que je ne vous ai vu ! Que de misères : Tenez, ajouta-t-elle à voix basse, en voilà une grande misère : cette fillette est ma nièce, fille d’un frère de feu Boynet qui était un petit entrepreneur de maçonnerie, installé tout près de Figeac. Les affaires n’allaient pas fort. Mais il avait un garçon, Paulin, à l’école, qui était bien intelligent. Je les aidais, c’est moi qui lui ai payé le Lycée. Puis il a eu des bourses. Une année il y a six ans de cela, il a manqué son concours de bourse ; il était malade, ce jour-là. C’est le moment où je ne pouvais plus aider mon beau-frère à cause du krach de Bordes, que vous savez. Pas d’argent. Le pauvre homme glorieux de son fils demandait crédit au Lycée. Ah ! ouiche ! On lui fait des difficultés, des enquêtes, toutes sortes de choses qui l’humilient. Il veut oublier et, naturellement, il se met à boire. Un jour, il reçoit une lettre pressante, recommandée