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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/228

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LE MAL DES ARDENTS

soit 12,000 frs. « Et d’un : se dit-il. Peut-être la trouvera-t-il saumâtre, l’aventure, le petit camarade ? Il pensera que le salut d’Angèle lui coûte cher. » Il eut un gros rire : « Bah ! ajouta-t-il, il n’a plus besoin d’argent s’il devient curé. »

La seconde lettre adressée à la veuve Boynet annonçait à celle-ci que la catastrophe était imminente ; que pour lui il avait eu la chance de trouver une « poire » qui lui achetait ses actions et qu’il comptait s’en débarrasser, que, si elle voulait en profiter, il pourrait lui faire acheter également les siennes si elle n’avait déjà eu le flair de les vendre avant la dégringolade. Il joignit à sa lettre quelques exemplaires de la Cote Financière pris à diverses dates et qui montraient la baisse rapide et continue du titre. Par retour du courrier il reçut une réponse affolée de la pauvre femme ; elle se lamentait de sa ruine ; elle ne disposait plus maintenant que d’une rente viagère de trois mille huit cents francs ; heureusement encore que dans cette calamité elle avait été secourue par Bernard ! Elle lui envoyait les titres et le remerciait d’avance d’avoir bien voulu se charger de les négocier. « Pauvre bougresse, dit-il, elle va avoir de la peine à nouer les deux bouts avec ça ». Il lui expédia immédiatement les vingt-deux mille cinq cents francs que représentaient les titres : « Cela va lui faire tout de même douze cents francs de rente en plus. Bah ! avec cinq mille francs de rente, une maison, une basse-cour, un jardin, des armoires bien garnies et peu de besoins, on peut tenir son