Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
LA JEUNESSE DE RABEVEL

cela se sent. Vous a-t-il jamais prise comme ceci, serré dans ses bras et dit avec amour, perdu en vous, sur les lèvres : je t’aime, Angèle, je t’aime, je t’adore, mon cher amour, pour l’éternité.

La voix chaude, la caresse des lèvres, la venue merveilleuse enfin de cet aveu tant et si vainement attendu la bouleversèrent.

— Ah ! dit-elle sans y pouvoir tenir davantage, moi aussi, Bernard, je vous adore.

Et aussitôt elle se délia et ils se regardèrent tous deux, rouges de passion et de honte. Quelle trahison ! Mais il l’entraînait déjà sur le divan la couvrant de baisers brûlants :

— Tu verras, balbutia-t-il, nous serons heureux ! heureux ! Je vais aller voir le père Blinkine qui va me trouver une bonne petite situation ; nous nous marierons tout de suite ; nous bâclerons ça en deux mois et c’est le bonheur pour toute la vie.

Elle, tout à coup méfiante :

— Mais tout à l’heure ne m’avez-vous pas dit que vous aimiez quelqu’un depuis des années ? Il se mit à rire :

— C’est vous, Angèle, vous le savez bien. Et il lui raconta, sans parler bien entendu de Flavie, comment depuis que François avait songé à elle, lui-même s’était interrogé, poussé par une force irrésistible, comment il en était venu à comprendre qu’elle était l’âme de son âme, la chair de sa chair ; il lui redit ses rêves passionnés, son sentiment